jeudi 25 mars 2010

Philosophie * Café *La notion de cool dans le folk* Calamar colossal

Et toc on a dépassé le stade des 90 post et dans 5 jours ce blog aura un an. Ce simple constat me met dans un état de déprime difficilement concevable mais il y à un an les choses étaient plutôt différentes (outre le fait que je ne savais pas quoi faire de ce blog à part poster des vidéos plutôt drôles). Je ne vais pas partir sur un espèce de discours de merde concernant le temps qui passe à une vitesse hallucinante et comment les choses tournent toujours mal en définitive parce que c'est pour les vieux. Je vieillis trop vite.

Et du coup je bois du café en enchainant les clopes pour me forcer à écrire un article sur le dernier Bonnie Prince Billy. Sans être un véritable fanatique du petit barbu (et chauve mais avant ça il devait être un peu roux, ce mec est un cumulard) je dois bien admettre que "I See A Darkness" fait partie de mes 50 albums préférés des années 90-00 et deux des chansons de cet album figurent dans mon top 30 "chansons pour se mettre une balle dans la bouche", ce qui est plutôt un exploit.


Bonnie "Prince" Billy & The Cairo Gang. The Wonder Show Of The World. Drag City




Je n'ai jamais compris pour ce mec avait collé un "Prince" au milieu de son nom. J'imagine que ça doit avoir plus rapport avec la notion de "nom qui sonne cool" plutôt qu'avec le nabot poilu en chaleur mais j'ai du mal à lier la notion de folk avec la notion de "cool". Pour moi un barbu à bonnet et guitare toute pourrie n'est pas cool, pas plus qu'un mec à basket fluo et mèche fan de Yuksek ceci dit mais tout de même "folk" et "cool" ressemble dans mon esprit à une mauvaise association d'idée. Un peu comme mettre "pacifique" et "calamar colossal" dans la même phrase.
Contrairement à ce que l'on peut penser le calamar colossal n'est pas de la même famille que le calamar géant, ils sont plutôt rares et chassent dans la position dite du "cacatoès". Une fois leur proie attrapée ils la déchirent en tas de petit morceaux de merde ,comme un enfant le ferait avec un bn, et cela est du au fait que leur œsophage (de 10 millimètres de diamètre) se situe dans leur cerveau, de trop grosses bouchées pourraient entrainer des lésions cérébrales. Du coup les autres ne déconnent pas trop avec lui parce que ça reste un animal foutrement imposant (les seuls qui osent s'en prendre à son cul de calamar font partie du genre d'animal avec lesquels PERSONNE ne déconnent).
Tout ça pour en venir au fait que Bonnie Prince Billy est un peu un calamar colossal du folk. Je ne suis pas sur qu'il chasse dans la position du cacatoès et son œsophage n'est vraisemblablement pas situé dans son cerveau mais ça reste un type foutrement imposant. Un peu comme Bill Callahan ,Drag City ressemble à Raw (Smackdown chie, je l'affirme) : les poids lourds de la discipline réunis, dans l'esprit. Les types capables d'aligner plusieurs albums de qualité, oscillant entre le "bon", "très bon" et "exceptionnel" sont plutôt rares aujourd'hui (je suis conscient qu'après ça on va dire que je suis un connard rétrograde et en un sens ça doit plutôt vrai).
Je me suis juré de me tenir et de ne pas déprimer après avoir écouté cet album. Je n'ai pas réussi: dès la deuxième chanson je me suis affalé dans mon fauteuil et me suis foutu une couverture sur la tête (sans explication véritable j'ai toujours besoin de me cacher la tête lorsque je déprime). Tel Bruce Wayne dans la Batcave j'ai donc entendu l'album résonner un peu plus loin dans le noir. Je ne sais pas ce que Bruce Wayne penserait de cet album mais je dois avouer que je le trouve très bon. Will Oldhman chante mieux ou en tout cas fait un travail superbe sur sa voix ("Merciless and Grace"), diversifie les rythmes et balance même des petits trucs chaloupés ("The Sounds Are Always Begging"). Un seul morceau un peu dispensable au milieu de l'album et puis vient "Where The Wind Blows", tout en silence, en retenue et en paroles sublimes. Le morceau monte lentement pour arriver une fin superbe qui ferait même chialer Éric Besson et l'album finit par choper l'auditeur façon cacatoès (sauf qu'ici vous n'êtes pas éparpillés en petits morceaux sanglants et lentement digérés à 2000 mètres de profondeur même si déprimer peut ressembler à ça parfois). Et du coup je pense sérieusement à lire "Moby Dick" (je n'ai jamais compris pourquoi ce titre ne faisait rire personne) parce que les cachalots bouffent les calamars et qu'il faut en maintenir quelque uns en vie, en tout cas tant qu'ils font des bons disques...

Bonnie "Prince" Billy : Teach Me To Bear You / The Sounds Are Always Begging

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